on peripatetics - de la pratique péripatéticienne
Monte Pellegrino, Sicily.
I walked, walked and still walk on Mediterranean soil.
Walking is the mother of all migrations.
Man before even beginning to combine action to word, starts on his feet.
Walking reminds us of what gave us our civilizations and enlightenment.
Simple and complex simultaneously, walking certifies that life begins somehow as a human adventure, around the age of one.
The quest for an unattainable return home and an impossible harmony motivates the walker - pilgrim.
Walking is also a process and a pretext for introspection.
Between first steps and travels around the world, there is a major one step that allows you to cross the boundaries of life.
It's also a form of placing History in the space of an experiential education.
Lonely form of resilience, not without nostalgia, walking is always a step towards the other, and the foreigner in us. It’s an encounter that requires an effort. It’s a therapy, both physical and psychological.
In the effort of walking one escapes the very idea of identity, the temptation to be someone, to have a name, a personality and a history.
This new form of freedom lies in not being anyone; for the walking body has no history, it is just an eddy in the stream of immemorial life. Forgetting oneself would begin with deliberately cultivating solitude and oblivion. It would acknowledge that all labor spent on the self is potentially displacement activity, wasted energy. And with that effort conserved, some sort of great work could be done. The reveries of Rousseau, the writings of Rimbaud and then of Stevenson, Thoreau, Benjamin, Walser, Sebald and so many others encourage us, when reading them, to put on our shoes and walk.
To our joy and our health, walking is a form of defiance of speed and noise, increases curiosity, and encourages humility, causing sometimes meditation. It invites us to contemplate, be silent and listen better. I would call this form of life practice 'Peripatetic'.
'Peripatetic' is a word relating to the broader sense of walking about – wandering, roaming. The adjective derives from the Greek verb “peripatein” and refers to Aristotle’s school – Peripatos – founded after 335 BC at a public gymnasium outside the city walls.
Peripatetics also revolve around experiential, direct, non-conceptual filmmaking & photography. It’s somehow the quiet side of urban landscape or scenery contemplation during which attention is given primarily to the state of mind and not to the hunting of exceptional phenomena. This internalisation of attention brings a more sober & poetic reading of reality. It’s a detached way of making more intimate images open to interpretations. You create or inhabit a non-familiar space that, through the act of walking, metamorphoses it into a home, and opens it towards a political gesture and towards the sublime.
I started off at the beginning of my approach in the late 90's, to embrace Athens, my city, neither for what I wanted it to be but for what it is and eluded me. This endeavour in time turned into a prelude to learning about justice, and established itself as one first step in an act of resistance.
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J'ai marché, marché et je marche encore sur un sol méditerranéen.
La marche est la mère de toutes les migrations.
L'homme avant même de commencer à combiner l'action à la parole, commence sur ses pieds.
La marche nous rappelle ce qui a déterminé nos civilisations et nos lumières.
Simple et complexe à la fois, la marche atteste que la vie commence en quelque sorte comme une aventure humaine, vers l'âge d'un an.
La quête inatteignable d'un retour chez soi et d'une harmonie impossible motive le marcheur - pèlerin.
La marche est aussi un processus et un prétexte à l'introspection.
Entre ces premiers pas et les voyages autour du monde, il y a une étape majeure qui permet de franchir les frontières de la vie.
C'est aussi une manière d'inscrire l'Histoire dans l'espace d'une éducation basée sur l’expérience et l'observation.
Forme de résilience solitaire, non sans nostalgie, la marche est toujours un pas vers l'autre, et vers l'étranger en nous. C'est une rencontre qui demande un effort. C'est une thérapie, à la fois physique et psychologique.
Dans l'effort de marcher on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un, d'avoir un nom, une personnalité et une histoire.
Cette nouvelle forme de liberté réside dans le fait de n'être personne ; car le corps qui marche n'a pas d'histoire, il n'est qu'un tourbillon dans le courant de la vie immémoriale. S'oublier commencerait par cultiver délibérément la solitude et l'oubli. Cela reconnaîtrait que toute labeur dépensée sur le soi-même est potentiellement une activité de déplacement, une énergie gaspillée. Et avec cet effort conservé, une sorte de grand travail pourrait être fait. Les rêveries de Rousseau, les écrits de Rimbaud puis de Stevenson, Thoreau, Benjamin, Walser, Sebald et tant d'autres nous incitent, en les lisant, à chausser nos godasses et à marcher.
Pour notre joie et notre santé, la marche est une forme de défi à la vitesse et au vacarme, elle accroît la curiosité, et encourage l'humilité, provoquant parfois la méditation. Elle nous invite à contempler, à nous taire et à mieux écouter. J'appellerais cette forme de pratique de la vie « péripatéticienne ».
« Péripatéticien » est un mot lié au sens plus large de se promener – errer, vagabonder. L'adjectif dérive du verbe grec "peripatein" et fait référence à l'école d'Aristote - Peripatos - fondée en 335 avant J.-C., dans un gymnase public à l'extérieur des murs de la ville.
Mes déambulations tournent également autour du cinéma et de la photographie expérientiels, directe et non conceptuelle. C'est en quelque sorte le côté tranquille de la contemplation des paysages urbains ou non-urbains, au cours duquel l'attention est portée avant tout sur l'état d'esprit et non sur la chasse aux phénomènes exceptionnels. Cette intériorisation de l'attention apporte une lecture plus sobre et poétique de la réalité. C'est une façon détachée de faire des images plus intimes ouvertes aux interprétations. Vous créez ou habitez un espace non familier qui, par l'acte de marcher, le métamorphose en foyer, et l'ouvre vers un geste politique et vers le sublime.
J'ai commencé au début de ma démarche à la fin des années 90, pour embrasser Athènes, ma ville, non pas pour ce que je voulais qu'elle soit mais pour ce qu'elle est et m’échappe. Cette entreprise s'est transformée avec le temps en un prélude à l'apprentissage de la justice et s'est imposée comme un premier pas dans un acte de résistance.